Ce jeudi 4 mai 2017, j’ai fait mon entrée à l’hôpital Cochin, situé dans le 14eme arrondissement de Paris. Le genre de séjour dont on se passerait bien …

Pourquoi du comment : Depuis l’adolescence, j’ai toujours eu des problèmes au dos, qui sont malheureusement aller crescendo jusqu’au point de non retour symbolisé par une hernie discale qui m’a conduit au bloc opératoire il y a 2 ans environ. Une récidive (une autre hernie discale au même endroit) est survenue il y a 3 mois … C’est celle-ci qui me conduit aujourd’hui à ce séjour chez les hommes en blanc. C’est d’ailleurs ici, lors d’une consultation avec un professeur très réputé que j’ai appris être atteint de la maladie de Scheuermann (sûrement un sombre professeur Allemand). En gros ça fragilise toutes les vertèbres et la colonne vertébrale en générale, ce qui me rend plus sujet à ce type de mésaventures !

Bref, prenons les choses avec humour et légèreté 🙂

C’est donc un jeudi que j’ai fait mon entrée dans le milieu hospitalier. Comme un signe, le ciel était voilé, le temps était terne. Après un jeu de piste pour trouver le bon bâtiment et le bon étage, je découvre ma chambre … Décoration épurée (c’est à dire RIEN) et murs blancs … D’ailleurs, pourquoi pas les peindre en orange ou en jaune ? L’univers de l’hôpital est relativement conservateur la dessus … C’est une institution et on touche peu aux institutions en France. Surtout quand les priorités sont ailleurs (précarité du travail, manque d’effectif, surcharge de travail …).

Je suis ici pour subir 3 infiltrations par le hiatus sacro coccygien. En gros (très gros), ca consiste à te planter une aiguille dans le c*l sur environ 3cm de profondeur (soit 3 mètres à taille humaine) et d’injecter un liquide censé améliorer la situation. A l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai pas encore était conduit à l’échafaud, l’exécution est prévue en fin d’après midi aux alentours de 17h.

En attendant, je fais 3h de rééducation le matin de 9h à 12h, une période qui vise surtout à apprendre des exercices à faire et refaire seul. Et 2h de rééducation / balnéothérapie de 14h à 16h. Le terme balnéothérapie fait rêver … En réalité faut m’imaginer dans un bain à 35 degrés (je déteste l’eau chaude), entouré de 6 femmes de plus de 45 ans, à faire des mouvements de contrôleur aérien débutant dans l’eau ! Le tout vêtu d’un bonnet de bain.

Mais ces moments sont compensés par la joie intense que me procure les repas servis en chambre. Une explosion de saveurs et une présentation qui fait saliver, on mange d’abord avec les yeux … Non, plus sérieusement, je savais à quoi m’attendre … C’est à dire à rien. Cantine du collège Paul Eluard, dernier service du midi … Je peux vous dire que je suis pas tombé pendant la semaine du goût !

Je confesse que je me suis rendu au franprix situé non loin de l’établissement, afin de pouvoir continuer à me nourrir.

Mise à jour (après le moment M)

Ça y’est le moment fatidique est passé … Si vous vous apprêtez à en faire une … Attention SPOILER ! Ne lisez pas ce qui suit … Nous sommes tous différents et nous réagissons tous de manières différentes, ce récit n’est pas une vérité générale.

Dans mon cas, ce fut, et je pèse mes mots, incontestablement un des pires moment de ma vie. Mon échelle de douleur connait désormais une nouvelle gradation.

En pratique, il s’agit de se positionner à plat ventre, cul nul, le derrière légèrement cambré grâce à l’apposition d’oreillers sous le ventre. Une position que j’adopte peu fréquemment … Il s’agit ensuite pour la personne chargée de faire l’intervention (désolé, je ne sais plus quel est le grade), de repérée “le hiatus” situé dans le sacrum.

hiatus

C’est un tout petit orifice qui donne sur un canal qui remonte vers les vertèbres.

Une fois l’orifice repéré, une première aiguille y est introduite pour être sûre du positionnement … S’en suit une première injection d’eau pour élargir ce même canal … Cette dernière sonne le glas de tous les espoirs placés dans une intervention simple est sans douleurs. La pression commence à se faire ressentir et la douleur se fait de plus en plus intense jusqu’à atteindre un seuil que je ne connaissais pas. Elle descend dans les deux cuisses comme des crampes violentes, elle raisonne dans tout le bas du dos comme si on essayait d’introduire une quantité de liquide trop importante pour la taille du réceptacle.  Mon c*l était un ballon de baudruche oublié sur le tuyau lors d’une bataille d’eau géante …

Au moment où je croyais que c’était terminé, malheureusement, le pire était à venir … L’injection des corticoïdes, la substance active. “Attention c’est un peu plus consistant donc ce sera un peu plus douloureux” … Il m’était alors très difficile de retenir les jurons et les éclats de voix. Lorsque c’est terminé, la pression et la douleur mette une quinzaine de minutes a redescendre à un seuil connu et donc maîtrisable.

Je tiens tout de même à souligner la gentillesse, la patience et la pédagogie des deux praticiens présents, qui ont toujours tentés de me parler, d’évoquer des choses positives liées à mes voyages ou de m’encourager pour me faire avancer.

Je dois encore en subir une lundi et une mercredi … J’appréhende ma prochaine rencontre avec la douleur et j’espère être capable de la maîtriser autant qu’elle m’a fait souffrir. Dans la douleur on grandit, j’espère alors devenir un géant 🙂