Le tour de passe passe des socialistes Uruguayens

Après environ 1 mois et demi passé en Uruguay, il est temps de dresser un premier constat.

C’est un pays plein de paradoxes. Le principal problème, c’est le coût de la vie par rapport aux salaires. Ici, le coût de la vie est environ égal à celui d’une ville de province Française. Bien sûr, il y a des exceptions et certains produits sont moins chers mais en général ce sont les mêmes prix. Or, le salaire minimum est de 12 265 pesos, soit 350€. J’ai eu plusieurs entretiens d’embauche ici à Montevideo, les salaires qui m’ont été proposés me permettaient à peine de vivre, au mieux ils me permettaient de survivre. Ils se situaient pratiquement toujours aux alentours de 17 000 pesos pour 45h de travail par semaine. Ici un temps complet c’est 45h, un temps partiel c’est 36h.

Alors oui, c’est un pays où il fait bon vivre et où les gens sont très accueillant … Malheureusement et comme on va le voir plus bas, le gouvernement socialiste est en train de ruiner le pays, le laissant aux mains des firmes internationales et des marchés financiers.

Autant vous dire que si les Français vivaient en Uruguay, ça ferait bien longtemps que tout le territoire serait gelé par les grèves, que la contestation se ferait entendre dans les rues et que la mobilisation serait générale.

Alors comment font les gens ? Qui détient les richesses ? A qui profite le crime ?

Quelques éléments de réponse (en essayant de faire simple) :

  • C’est un pays meurtri par plusieurs années de dictature militaire de 1973 à 1985. Qui aboutit à des élections démocratiques, mais qui laisse le pays dans chaos avec des dettes énormes et un taux d’inflation de plus de 70%. Cependant, l’économie repart relativement rapidement.
  • Suite à la crise de la fièvre aphteuse, des dizaines de milliers de bêtes sont tuées pour endiguer la propagation du virus et les relations avec l’Argentine (pays le plus touché) diminuent jusqu’à devenir nulles. C’est alors que l’Argentine retire ses devises des banques Uruguayenne. Processus et conséquences classiques L’économie s’effondre, plusieurs banques sont en faillite, le peuple se soulève contre le gouvernement en place qu’il accuse d’être trop libéral.
  • Cette situation de crise aboutit à l’élection d’un président de gauche, une première (2004). Le socialiste Tabare Vazquez est élu. Schéma classique –> peuple déçu et meurtri –> discours populiste –> victoire.
  • En 2009, c’est le très populaire José Mujica qui arrive au pouvoir, ancien ministre de l’agriculture de Tabare Vazquez, c’est un ancien membre de la guerilla et socialiste (limite communiste) convaincu. Il a été détenu tout le temps de la dictature de 1973 à 1985. C’est alors qu’il abandonne la lutte armée pour se consacrer à la politique.
  • « Pepe » Mujica est très populaire, c’est un personnage haut en couleur, qu’on aime à désigner comme « président le plus pauvre du monde » (il ne déclare que 1500€ de patrimoine avec une vieille WW). Une certaine démagogie se dégage de tout ça.
  • Il légalise le cannabis, l’avortement, le mariage pour tous … Dans le même temps la part des dépenses sociales dans les dépenses publiques dépassent les 75% et les syndicats se multiplient.

Un peu partout on vante les miracles des politiques de TabareVazquez et Jose Mujica. Réduction de la pauvreté, baisse du taux de chômage, augmentation des salaires … Ah bon ? On peut réellement faire dire ce que l’on veut aux chiffres … 

La légende raconte que l’Uruguay est un des pays les plus développé de l’Amérique Latine avec le meilleur niveau de vie … En apparence oui, mais en réalité : 

  • Le gouvernement du Frente Amplio (au pouvoir depuis 2004) a exonéré d’impôts les banques, les institutions financières et les entreprises agro-exportatrices au point où seulement 13 % des recettes fiscales provient maintenant des rentes du capital (87 % vient du revenu du travail). La pression fiscale qui pèse sur la population est donc énorme et démesurée.
  •   La politique fiscale actuelle est donc en total contradiction avec la politique sociale et le développement humain.
  •  Certes, le gouvernement a réussi à réduire la pauvreté et la misère. Mais ldistribution inégale des revenus s’est aggravée car 10 % de la population accapare 31,9 % du revenu national, pendant que les 10 % les plus pauvres n’en perçoivent que 2,2 %.
  •   La politique fiscale est donc à la base de l’explosion du coût de la vie.

En conclusion :

« Une bonne politique sociale peut uniquement résulter d’une bonne politique économique. Or, la politique économique du gouvernement du Frente Amplio a favorisé la croissance fondée sur l’investissement étranger, une fiscalité favorable aux grandes sociétés, la stabilité macro-économique et des règles du jeu qui bénéficient au capital. »

« Selon le Frente Amplio, l’internationalisation du capital et le poids décisif des entreprises transnationales dans la production et le commerce excluent l’idée de favoriser les entreprises nationales, d’autant que les intérêts de la bourgeoisie nationale ne sont pas contraires à ceux du capital transnational. »

La réalité du modèle économique Uruguayen est bien plus sombre que ce que l’on peut lire ici et là. Le miracle socialiste n’aura duré qu’un temps … 

La bourgeoisie s’enrichit pendant que le peuple trime, la liberté d’entreprendre est muselée …