Dans l’enfer de Beauvais

Je rectifie d’entrée, l’aéroport de Paris Beauvais Tillé. Car oui, pour les compagnies low cost Beauvais se situe à proximité de Paris. Mais le fait de décoller ou d’atterrir dans la grisaille et la morosité Picarde ne sera pas votre seule déconvenue …

Cet aéroport est pour moi en quelque sorte le porte drapeau de la politique des vols au rabais. Un des premiers du genre en France il me semble. Fief de Ryanair pendant quelques années, il combine vraiment tous les aspects négatifs de cette mouvance visant à réduire le moindre coût, pour en absorber le plus de bénéfices. Il faut savoir que l’aéroport est resté le même depuis les débuts de Ryanair. La capacité d’accueil n’a donc pas suivi l’évolution de la compagnie et encore moins, l’ouverture du lieu à d’autres transporteurs de passagers.

Il y a donc plusieurs vols par heure, pour seulement deux files au niveau des portiques de sécurité. L’image de l’entonnoir me paraît ici vraiment pertinente … Il faut donc prévoir un temps de battement pour passer cet obstacle. Une fois cette étape franchie, vous arrivez dans la salle d’embarquement, l’antre des départs, où les projections prennent fins et où la réalité glaçante du voyage reprend ses droits (“Le départ un moment à part”).

Dans cet aéroport à bas coût, cet endroit est neutre … Ça sent ni bon ni mauvais, c’est ni propre ni sale. Les couleurs sont tristes et froides (du gris foncé avec du blanc, un carrelage gris clair …).

C’est vraiment fonctionnel et impersonnel. Fait et prévu pour le transit, comme une manière de dire “ne restez surtout pas ici, fuyez tant qu’il est encore temps”.

Le confort y est presque nul. Il y a quand même quelques rangées de sièges en fonte, mais une fois que l’heure de l’embarquement sera proche et la salle remplit, la plupart des voyageurs seront debout ou comme Louisy Joseph (ex L5 auteur d’un come back remarqué dans la dernière saison de The Island sur M6) ils seront “assis par terre”. Il n’y a bien sûre pas de prises de courant à disposition, pas de bornes de recharge … Il y a littéralement rien.

À ce moment là je pensais en avoir terminé avec l’attente … Mais non, une dernière innovation allait venir égayer un peu plus mon début de voyage, il s’agit de la seconde salle d’embarquement ! Et oui, la première était un leurre ! Un concept encore rarement utilisé …

Le dépouillement va donc crescendo, puisque cette dernière salle est ni plus ni moins qu’un préfabriqué. La nature du bâtiment et l’absence de fenêtres empêche l’air de circuler, une odeur de plastique chauffé émane du lino qui est négligemment posé sur le sol, comme si la construction n’en avait que pour quelques mois … Cette étape achève le voyageur et donne le coup de grâce à la ville de Beauvais et ses alentoures.

A la lecture de cet article, je pense que beaucoup le trouveront cliché, “on sait que les aéroports low cost n’ont aucun confort, nous tout ce qu’on veut, c’est des vols pas cher” s’exclame déjà Christian J. dans son appartement de la banlieue de Lyon. Alors oui, sauf que cet aéroport peine à être rentable et souffre de la concurrence des autres aéroports Parisiens (notamment Orly). Les difficultés de la compagnie aérienne Irlandaise ont bien sûr un impact sur la santé financière de la structure. L’aéroport de Beauvais peine à attirer de nouvelles compagnies, et pour moi, le fait d’être une structure vétuste et peu attirante a son rôle à jouer … Pour terminer, je pense aussi que le patrimoine culturel situé à Beauvais et ses environs n’est pas assez mis en avant.