Macédoine du Nord – Skopje, lac d’Ohrid
Macédoine du Nord, Albanie, Monténégro, Kosovo //
Aout 2019, moment choisit pour une escapade aux Balkans. Un voyage avec comme point de départ Skopje en Macédoine du Nord. L’itinéraire était flou, je ne savais pas vraiment quelle direction j’allais prendre.
J’ai longtemps pensé aller en Italie depuis l’Albanie (traversée possible depuis les ports de Durres ou Vlora, vers Brindisi ou Bari). J’ai changé mon fusil d’épaule en voyant le coût de la vie de l’autre côté de l’Adriatique … J’ai donc décidé d’effectuer une boucle, et de partir en direction de l’Albanie, du Monténégro puis du Kosovo, pour revenir à Skopje afin de prendre un vol en direction de Mulhouse (la destination la moins cher en France, au moment où j’ai pris le billet). Bref, comme d’habitude, le voyage s’est construit au fil de la route.
Le décor est planté. J’ai donc atterri à Skopje un jeudi, aux alentours de 1h du matin … A ma grande joie, le traditionnel comité d’accueil composé de taxis plus ou moins officiels, n’était pas au rendez-vous … Serai-je tombé dans une société plus respectueuse, qui ne tente pas d’alpaguer le chaland, comme un chalutier Intermarché qui pratique le chalutage de fond ? Ce serait une première 🙂
Mon premier contact avec ce nouveau pays fut donc de nuit. C’est à travers la vitre de la navette me transportant de l’aéroport au centre-ville, que j’ai pu découvrir ce nouveau panorama. Il faut avouer que le peu d’infrastructures illuminant la route, combiné à ma nyctalopie inexistante, ne m’ont pas permis de voir grand-chose. Dans cette situation, j’ai eu du mal à me représenter le paysage urbain, et j’ai eu peur d’avoir à faire à quelque chose de dépouillé, semblable à la campagne Géorgienne par exemple.
Mes craintes et mes doutes se sont dissipés lorsque je suis arrivé en centre-ville, aux alentours de la place Alexandre le Grand. Effectivement, j’ai été surpris et très vite envouté par la majestuosité des lieux. Ce centre-ville touristique et point névralgique de la ville, en met plein les yeux. Un mélange de modernité et d’histoire qui, à première vue, cohabite plutôt bien.
Mais à y regarder de plus près, tout semble bien neuf. Les patines des statues sont parfaites, les édifices d’un blanc éclatant, les pierres ne présente pas de défauts visibles … Alors est-ce le fruit d’une conservation exceptionnelle ou une construction de toutes pièces ? Dans un pays qui a connu de nombreuses occupations et guerres, la première option semble peu probable.
L’explication est simple, et elle porte un nom, « Skopje 2014 » … Un vaste projet d’aménagement et de construction, qui doit donner un nouveau visage et une identité à la ville. C’est assez surprenant et déstabilisant de voir ça, comme si on évoluait dans un parc d’attraction historique ou un décor de cinéma. Certains monuments, comme la « porte de Macédoine », semble sortir de nulle part. Sa ressemblance avec l’arc de triomphe de la ville lumière n’est pas fortuite. Son emplacement excentré contraste avec la volonté d’en imposer. Au final, tous ces éléments sortis de terre, sans réel sens et sans attaches historiques, génère une atmosphère artificielle et factice, un brin pathétique.
Alors pourquoi avoir pris cette direction ? Après avoir beaucoup discuté avec des macédoniens, qui sont d’ailleurs assez lucides et dubitatifs quant à la réussite de ce projet, la réponse est plutôt simple. Cette vague d’investissement pour embellir la capitale, est liée à la volonté du pays de rentrer dans l’Union Européenne. Ils ont donc misé sur la forme, plus que sur le fond. Et cette stratégie est grandement contestée, puisque le gouvernement a dépensé sans compter, alors que le pays est en proie à d’énormes difficultés structurelles. La Macédoine du Nord reste un des pays les plus pauvres d’Europe.
Dans ce contexte, cette tactique apparaît comme incompréhensible voire profondément stupide … Mais c’est bien plus compliqué que ça … Le pays a déposé une demande pour rejoindre l’UE en 2004, cette dernière a été acceptée et validée par la commission Européenne. Les grandes manœuvres ont été lancées dans le sillage de cette application.
Mais que s’est-il passé ? C’est la Grèce qui a bloqué la demande, en exerçant son droit de véto. En cause, une dispute entre les deux pays sur l’utilisation du nom « Macédoine ». Ca à l’air anecdotique, mais à la vue des conséquences, ça ne l’est absolument pas. C’est d’ailleurs un débat très vif au sein de la population.
« lorsque la république de Macédoine est devenue indépendante, en 1991, elle a construit son identité sur une revendication de l’histoire macédonienne ancienne et sur l’utilisation de ses symboles (Soleil de Vergina), qui, pour la Grèce, font partie de son propre passé et de son patrimoine exclusif, et non de celui des Slaves. »
Etant dans une impasse, le pays a dû se soumettre aux volontés de la Grèce (soutenu par une partie de la communauté internationale) et un accord sur le nom, ainsi que le drapeau est intervenu en 2018. D’où le nom Macédoine du Nord. Mais cet accord est très mal vécu par la majeure partie de la population. C’est donc un engrais fertile qui fait pousser beaucoup de ressentiments et de rancœur envers les Grecques et vise versa 🙁
Skopje reste cependant une ville plaisante, où on se sent en sécurité. Il y règne une atmosphère plutôt relax et accueillante. Une belle étape de quelques jours, avant de partir en direction du parc national de Mavrovo et/ou du lac d’Ohrid. J’ai choisi la deuxième option, et je suis donc directement allé dans le sud du pays, pour découvrir ce lac classé au patrimoine mondial de l’humanité.
J’ai toujours été captivé par les lacs et leurs environs. Ces grandes étendues d’eau douce dégagent quelques choses de mystique. Elles sont à l’image des hommes et de la puissance de la nature. Chaque lac a son histoire, la rupture de l’écorce terrestre qui a conduit à leur formation est toujours différente. Souvent objet de mythes et de légendes, ils ont traversés les âges et les époques. Tout cela est d’autant plus vrai pour le lac d’Ohrid, puisque ce dernier est un des plus anciens au monde, avec le Titicaca et le Baikal.
Ces eaux cristallines d’une pureté exceptionnelle, font de lui un lieu touristique majeur des Balkans. Ce genre de joyau ne reste pas inexploité. Situé à moins de 3h de route de la capitale et de son aéroport internationale, entre l’Albanie, avec qui il partage une partie du lac, la Grèce et même l’Italie (de nombreux bateaux rallient la grande botte au pays de l’aigle à deux têtes), il jouit d’une situation géographique propice à la réception de voyageurs de tous horizons.
Heureusement, son classement au patrimoine mondial en 1979, n’a pas laissé le temps aux grands groupes de saccager ses paysages, en y construisant leurs entrepôts d’élevages de touristes en batterie, qui ont déjà fait tant de mal à travers le monde.
Cependant, la moindre parcelle y est exploitée … Restaurants, bars, cafés et surtout « plages privées » fleurissent de toute part. Si certains de ces établissements ont du charme, la plupart sont grossiers … Souvent, des transats en plastique sont empilés, comme jetés maladroitement sur les rivages de cette perle. Il s’agit vraiment de maximiser la capacité d’accueil … Je pense que beaucoup d’établissements perdurent grâce à la complaisance des autorités locales. Chacun essaye de tirer son épingle du jeu, et dans une zone où le pouvoir d’achat reste faible, les infrastructures s’en ressentent.
Ohrid reste une station balnéaire populaire … Les prix y sont gonflés, les attrapes touristes bien présents, les bureaux d’excursions pullulent … Mais le cadre vaut le détour et ces quelques désagréments seront vite effacés par la beauté des lieux.
Même si mon expérience auprès des Macédoniens a été contrastée, je m’abstiens de juger une population. Tout simplement parce que chacun a sa singularité, et que chaque expérience est différente. Juger reviendrait à prendre ma courte expérience comme unité de mesure, et comme une vérité générale.
Albanie – Tirana, Shkoder
Pour continuer le voyage, j’étais très excité à l’idée d’aller en Albanie. A ma grande surprise, un seul mini bus effectue la liaison entre Ohrid et Tirana. C’est assez incompréhensible puisque les deux villes ne sont distantes que de 130km (en plus, il est à 7h du matin).
Après une trentaine de kilomètre, nous avons passés la frontière au niveau de Radojda. Un nouveau voyage commence, bienvenu en Albanie.
Un panorama vallonné et verdoyant se dresse de part et d’autre d’une route étroite et sinueuse. Ça me rappel vaguement les paysages du nord du Vietnam, les rizières en moins.
Ma motivation à connaître ce pays a crû en Macédoine … Au détour d’une conversation avec un brillant citoyen expatrié aux Etats-Unis, j’apprends que l’Albanie est restée sous le joug d’un dictateur des plus répressifs et paranoïaque, pendant près de 50 ans. Il m’apprend alors par exemple, que pour se prévaloir d’un envahissement et d’une déclaration de guerre de ses voisins supposément belliqueux, il avait fait construire plus de 170 000 bunkers à travers tout le pays (soit environ 1 pour 6 habitants). Cette information surprenante de par sa nature et son chiffre me laissa sceptique tout en éveillant ma curiosité. De retour dans mes appartements, je me suis donc empressé de consulter le controversé, mais néanmoins dirigeant de cette planète, Google. Ma recherche fut simple, « bunker Albanie », et cette dernière me mena directement à cet article Wikipédia, sobrement nommé « bunkers d’Albanie ». Dans un second temps, j’ai pu voir que les chiffres différaient selon les sites, sur une fourche(tte) allant de 170 000 à 750 000. Le nombre m’apparaît anecdotique, alors je vous laisse à votre appréciation, pour me concentrer sur le pourquoi du comment.
Le coupable s’appelle Enver Hoxha … Rassurez-vous, je n’avais jamais entendu ce patronyme aussi. Pour retracer brièvement son parcours, c’est l’histoire d’un jeune Staliniste convaincu, qui s’engage dans la résistance contre l’Italie de Mussolini, qui a envahi le pays dans le cadre de sa politique expansionniste. C’est donc un jeune idéaliste, prêt à se battre pour ses idées et sa patrie. Par la suite, il gravit les échelons du Parti Communiste Albanais pour arriver à son sommet. Les débuts de son règne sont difficiles, Britanniques et Américains tentent même de le faire tomber, mais l’opération échoue. Par la suite, il consolide son pouvoir avec les mêmes méthodes que son idole soviétique, c’est le début du règne de la terreur et de la répression, sur fond de propagande.
On pourrait comparer la situation de l’Albanie de l’époque avec celle de la Corée du Nord. Suite à sa sortie du pacte de Varsovie et la rupture de ses relations avec la Russie et la Chine, le pays était complétement isolé du reste du monde.
Aujourd’hui le pays essaye encore de se relever de cette sombre période. Les stigmates sont encore là et les esprits définitivement marqués au fer rouge. Beaucoup de chose nous ramènent encore à ce régime. Par exemple, si les routes sont peu développées et aussi étroites que sinueuses, ce n’est pas un hasard, c’était pour éviter que de potentiels ennemies s’en servent de piste d’atterrissage afin d’envahir le pays.
Comme pour conjurer le sort, une des plus grosses œuvres de ce malade mental, a été transformée en un gigantesque musée. Effectivement, à Tirana, un bunker de plus de 100 pièces destiné à accueillir le gouvernement en cas d’attaque, a été converti en lieu de culture au nom évocateur, « Bunk’Art ».
Tirana m’est apparu comme une ville plaisante à vivre, mais peu attrayante à visiter. Je me suis assez rapidement mis en quête d’un nouveau point de chute, et je suis parti en direction de Shkoder, dans le nord du pays. Là, m’attendait Klion, un expatrié américain ayant répondu positivement à ma demande d’hébergement sur couchsurfing. Enfin, j’allais pouvoir entrevoir la vie quotidienne telle qu’elle est réellement.
Professeur d’anglais dans une ONG, ce dernier vit ici depuis plus de 3 ans. Il est la combinaison parfaite entre connaissance et volonté de les partager. Sa sagesse est à la hauteur de ses expériences de vie. Après avoir hébergé plus de 250 personnes, il n’est pas blasé, et toujours plein d’entrain à l’idée de faire des nouvelles rencontres. J’ai pu bénéficier de sa compagnie, et de ses conseils avisés pour visiter la ville et manger local.
Comme à chacune de mes expériences couchsurfing, j’en sors grandit et conforté dans mes idées. La seule volonté mutuelle de se rencontrer, sans argent dans la relation, permet un échange honnête et débarrassé du superflu, qui nous permet d’échanger d’égal à égal, (l’implication d’argent instaurant, à mon avis, un lien hiérarchique entre payeur et payé, qui biaise la relation).
Monténégro – Podgorica
Alors reboosté et en pleine confiance, je me suis lancé un défis, rallier Shkoder et Podgorica en auto-stop, et donc passer la frontière entre l’Albanie et le Monténégro ainsi. Dans mes souvenirs, c’est la première fois que j’allais franchir une frontière en stop 🙂
Après quelques dizaines de minutes de marche, j’ai atteint mon point de départ, situé au nord de la ville, au début de la route menant au pays du water-polo. Après même pas dix minutes d’attente avec mon pouce et mon panneau « Podgorica », un 4×4 noir Hyundai s’arrêta. Sachant les taxis non officiels pullulent, j’ai d’abord averti le chauffeur avec un « Jo para » (pas d’argent) … Celui-ci s’est directement écrié « Why money ? Come on my friend ». S’en est suivi un trajet très enrichissant. Il avait vécu la fin du règne de Enver et m’a raconté plusieurs anecdotes, entre contrebande et milice répressive.
Après quelques heures de route, dû à une longue attente aux frontières, il me déposa en banlieue de Podgorica.
Nouveau chapitre donc, le Monténégro. Des contraintes de temps m’empêchait d’aller sur la côte Adriatique du pays, réputée comme magnifique et festive, je me suis donc cantonné à la capitale. Tous les avis qui m’avaient étés donnés au sujet de cette ville étaient unanimes, pour dire qu’elle ne présentait aucun intérêt. Ce chapitre va être court, puisque je me suis rapidement rendu compte que ces avis été fondés. Effectivement, l’offre touristique et culturelle est pratiquement nulle … En un seul mot, RIEN. Il n’y a rien à faire … Du point de vu d’un voyageur et non d’un habitant, je n’avais jamais vu une ville aussi peu attractive et intéressante.
Kosovo – Prizren, Pristina
Je me suis donc rapidement mis en quête d’une nouvelle destination. Cette dernière devait me permettre par la suite, de retourner à Skopje pour prendre mon vol retour. Les possibilités étaient donc réduites, et la plus pratique se nommait Kosovo.
Après avoir galéré dans un bus, sur des routes sinueuses pour traverser les montagnes entre le Monténégro et le Kosovo (une dizaine d’heures pour faire environ 230km), je suis arrivé dans la ville de Prizren, au sud-ouest. Partout au cours des étapes précédentes, j’avais rencontré des voyageurs, me vantant les mérites de ce pays et de sa population. Je ne pensais pas y aller un jour. Mais comme on dit, « c’est l’occasion qui fait le larron » (le rôle du larron ici, est pour le moins abstrait. Si le sens premier de cette expression désigne une opportunité imprévue, qui nous amène à commettre un vol, ici cela désigne un ensemble de facteurs favorable, qui nous poussent à faire quelque chose à quoi on n’aurait peut-être pas pensé à la base. Mais alors qu’est-ce qu’un larron ? C’est un voleur, un brigand, un bélître. D’où l’expression « ils s’entendent comme larrons en foire ». Sous-entendu qu’un événement de ce type, regorge d’opportunités pour commettre des larcins. Ce qui rend donc heureux les larrons de tous bords).
Trêve de plaisanteries, j’étais très curieux de découvrir ce pays et son évolution. Puisque, depuis que je suis né, j’ai toujours connu ce territoire, comme étant en guerre et en proie à des conflits inter-ethniques extrêmement violents. Je me rappelle ces flashs infos aux journaux télévisés, montrant des milliers de personnes contraintes à l’exode, marchant sans but avec quelques maigres sacs … Je me rappelle qu’au collège, c’était l’opportunité pour mettre des mots sur la notion de crise humanitaire, de réfugiés … Moins reluisant, l’expression « c’est le Kosovo », désignait ma chambre complètement sens dessus dessous, « espèce de kosovar », une locution caractérisant une personne attifée d’oripeaux d’occasions, dépareillés et mal seyant.
Bref, l’idée que j’en avais, contrastait avec les expériences positives qu’on m’avait rapportées.
Dès mon entrée dans le pays, toutes mes idées reçues ont été mise à mal. J’ai découvert un paysage verdoyant, des maisons bien bâti et pour certaines plutôt coquette, une route bien tracée et des infrastructures d’un niveau très acceptable. Certes, le caractère très dispersé et disparate des constructions, donne l’impression que tout a été réalisé dans l’anarchie, sans ligne directrice. Mais il ne faut pas oublier qu’ils sont officiellement indépendants depuis 2008. Ils ne le sont toujours pas pour les Serbes et les Bosniens, mais c’est une autre histoire.
J’ai donc été surpris par le niveau d’urbanisation. Je m’attendais vraiment à quelque chose de plus dépouillé et moins développé. J’ai été tout aussi étonné lorsque j’ai découvert la gastronomie locale … Principalement articulée autour spécialités à base de viande grillée, c’était magnifique, un sacré voyage culinaire.
Cette petite ville est vraiment belle, avec un centre-ville très pittoresque, beaucoup d’édifices religieux (principalement des mosquées, mais aussi des cathédrales orthodoxes ou des églises), quelques musées et surtout la forteresse de Kaljaja, qui surplombe la ville.
Faut avouer que le tour est rapidement fait … La prochaine étape était toute trouvée, Pristina, la capitale. Dernier stop avant de retourner à Skopje pour prendre mon vol retour. Ça a confirmé mon coup de cœur pour le Kosovo.
Bien que capitale du Kosovo, la population, comme dans l’ensemble du pays, y est en majeur partie Albanaise (plus de 95%). Le pays en tant que tel, n’existe pas … Il n’y a pas d’histoire Kosovare à proprement parler, comme il n’y a pas d’identité Kosovare réelle. Il y a l’histoire d’un peuple, l’histoire d’une région … Mais cette dernière ne se cantonne pas aux seuls frontières du pays tel qu’il est aujourd’hui.
Je connaissais déjà le rôle qu’avait tenu les Etats-Unis, dans la création de cet état … Un rôle prépondérant puisque c’est eux qui ont gagné la guerre, et pratiquement créée le pays. Mais pourquoi un si petit territoire, niché au cœur des Balkans, a été si ardemment défendu par la plus grande puissance mondiale ? Est-ce la simple volonté d’exercer son rôle (qu’ils se sont eux même confié) de police du monde, en défendant les opprimés ?
La réponse est bien sûre non. Le pays de l’oncle Sam possède une base militaire énorme dans le sud du pays, et y a fait construire une des plus grandes ambassades hors USA. Tout le monde sait qu’ils dirigent le Kosovo. L’ambassadeur Américain a un rôle majeur dans la vie politique du pays. C’est presque un pseudo état américain, situé au cœur d’une zone stratégique. En somme, c’est un poste avancé de premier plan.
Cette influence est visible partout dans la capitale. On emprunte l’avenue Georges Bush, on y voit la statue de Bill Clinton … Sur la place centrale de la ville, se dresse la plus grande tour, sa façade est entièrement à la gloire des Etats Unis. C’est perturbant, c’est comme une propagande moderne et sympathique. Mais, selon des sondages, la plupart des Kosovars approuvent, et trouvent que les USA exercent une bonne influence.
Mise à part ça, c’est une ville étonnante où tout semble être nouveau … les constructions commémoratives, les bâtiments religieux, mais aussi le style de vie. La mode y est bien souvent aux marques apparentes, aux accessoires bling bling … Il faut se montrer et être vu. C’est le pays le plus jeune d’Europe, en termes d’âge moyen. C’est donc un vent de fraîcheur qui souffle sur le pays. Pour terminer, il me tient à cœur de tordre le cou, à une idée reçue assez persistante sur l’insécurité, puisque je ne me suis jamais senti, à aucun moment, en péril ou menacé. Les Albanais ont une grande tradition d’accueil et de respect. Arpenter les rues de Pristina, n’est pas plus dangereux que de se promener dans Paris.