Les dissidents de la mémoire : réflexions sur la révolution française
Les portraits et récits proposés ici adoptent volontairement un ton partisan et une teinte romanesque. Cela vise à rééquilibrer le discours historique traditionnel, largement acquis à la gloire de la Révolution et de ses acteurs républicains. Bien entendu, la réalité était plus nuancée que cette présentation quelque peu manichéenne.
Tous les révolutionnaires n’étaient pas des êtres pervertis et tous les contre-révolutionnaires n’étaient pas des héros vertueux. L’Histoire (comme rien d’ailleurs) n’est jamais toute noire ou toute blanche. La vérité se trouve souvent dans les nuances, à mi-chemin des visions extrêmes et partisanes.
Ce récit vise simplement à réhabiliter les figures et les idéaux de ceux qui se sont opposés à la Révolution, trop souvent caricaturés ou méprisés (jusqu’à être complétement invisibilisés, à quand l’accusation de révisionnisme relative à cette période ?) par l’historiographie officielle.
Recontextualisation
La République n’est pas la France. Elle n’en est que le mode de gouvernance passager, l’occupation politique temporaire d’un pays aux racines bien plus profondes. La France, ce sont des siècles d’histoire dont les pierres angulaires se nomment par exemple Clovis, Saint Louis, Jeanne d’Arc ou Louis XIV. Le peuple français a démontré sa force, sa puissance et sa résilience à maintes reprises.
Il est très important de réaffirmer que son identité ontologique profonde est indubitablement liée au catholicisme.
La République ne règne que depuis peu, elle qui n’est pas née du terreau sacré de la nation et du peuple, mais des violentes convulsions de quelques ambitieux. Car oui, la République n’est pas née de l’aspiration populaire à un idéal politique supérieur. Son avènement n’est pas le fruit mûr d’une évolution de la société française, mais l’entreprise criminelle d’une poignée d’agitateurs affiliés notamment aux loges maçonniques.
Par le fer et par le feu, ces hommes ont fait triompher un projet secret et minoritaire, leur permettant de renverser l’ordre, au seul profit de la bourgeoisie.
Car pendant que ces quelques félons se battaient pour le pouvoir, le peuple dont ils prétendaient épouser la cause continuait à subir le poids des impôts, des disettes et du chômage (et allait endurer par la suite le joug et la tyrannie mortifère de ses nouveaux dirigeants, comme nous le déplorons encore à l’heure actuelle et comme nous le déplorerons encore plus avec l’aide des nouveaux outils numériques).
Loin de l’améliorer, la Révolution n’a fait que substituer un nouveau despotisme, habillé des beaux atours de liberté et d’égalité.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce peuple que l’on a déjà trompé continue à trimer et à souffrir. On l’abreuve toujours des chimères de lendemains radieux. Mais pour lui le constat est simple : ses chaînes ont juste changé de mains, passant des nobles aux bourgeois, la misère et le désespoir demeurant …
Ce régime totalitaire s’est donné pour tâche de déraciner méthodiquement ce qui faisait l’âme même de la France : la Foi de ses pères transmise de générations en générations, le culte de ses rois mis en place par la grâce divine, les traditions vernaculaires de ses provinces. Par sa soif démesurée d’universalisme dévoyé et son rêve absurde d’une humanité sans attaches ni repères, la République entraîne le pays qu’elle croit gouverner sur la voie sans issue du mondialisme et du globalisme, vers la dissolution de l’être français dans le magma informe d’un monde sans âme et sans visage.
De nos jours, la conception de la liberté individuelle tend malheureusement à se réduire, pour beaucoup, à sa dimension consumériste. La confusion entre le paraître et l’être semble être de plus en plus prononcée.
La nécessité de se conformer à la doxa dominante est désormais gage de votre intégration sociale. La quête de vérité, de connaissances, de culture éclectique, de pensées critiques, n’intéressent plus.
On observe donc que le modèle politique dans lequel nous sommes est bel et bien le plus propice au totalitarisme et surtout au mondialisme.
L’effondrement des valeurs morales et spirituelles traditionnelles dans notre société postmoderne a laissé place à un vide existentiel (souvent comblé par la consommation et la mise en scène de soi-même sur les différents réseaux).
Autrefois, le surmoi était ancré dans des repères moraux solides qui nous dépassaient. Mais aujourd’hui, il est relégué au rang d’illusion obsolète, alors que nous vénérons l’éphémère et l’immédiateté (exacerbée par notre propension naturelle au conformisme).
Dans ce contexte, la quête de sens est éclipsée par la poursuite insatiable du plaisir, du profit et du maintient de notre intégration sociale (qui peut désormais être remise en cause à la moindre prise de position controversée).
De plus, l’individualisme et le matérialisme ont érodé les valeurs traditionnelles qui nous élevaient. Nous nous égarons ainsi dans un désert moral où le nihilisme gagne du terrain.
Parallèlement, on assiste à une tendance où nos sentiments et nos émotions sont érigés en identité, servant à revendiquer une certaine différence. Cela a pour effet de nous diviser et de nous éloigner les uns des autres. Le “wokisme”, avec sa focalisation sur les rapports de force et la victimisation, semble tuer l’humanité en se concentrant sur la déconstruction et la réparation permanente, plutôt que sur une vision unificatrice.
L’époque nous fait sombrer dans une vision extrêmement binaire et manichéenne où deux camps s’opposent, les « auto-diagnostiqués » comme bons, vertueux, bienveillants et humanistes, face aux « désignés » comme fondamentalement mauvais.
Ainsi, la perte des repères moraux et spirituels, conjuguée à l’exacerbation des différences identitaires, plonge notre société dans une crise profonde, menaçant l’essence même de notre humanité.
Mais sous le vernis trompeur de la modernité (voire la post-modernité) la vraie France demeure, patiemment, prête à ressurgir des cendres et des ruines …
Il faut pour cela s’inspirer de ces hommes et de ces femmes qui, face à la terreur républicaine naissante, ont valorisé les idéaux éternels au mépris de leur vie.
Le sacrifice de ces résistants nous montre la voie : seul un sursaut d’orgueil français (notamment face à la tyrannie de l’UE et des différentes organes mondialistes) et un retour aux fondamentaux identitaires qui ont fait la force du pays par le passé, permettra de retrouver notre liberté et notre souveraineté perdue.
Grâce au film « vaincre ou mourir » qui lui est dédié, nous connaissons désormais tous François Athanase Charrette de La Contrie, dit Charrette « le prince de la Vendée ».
Retour sur quelques-unes de ces figures oubliées de l’histoire !
- Armand Tuffin de La Rouërie :
Armand Tuffin, marquis de La Rouërie, fait partie des figures les plus fascinantes de la période révolutionnaire française. Cet aristocrate breton né en 1751 a joué un rôle clé dans l’organisation de l’insurrection contre-révolutionnaire connue sous le nom de “conspiration de La Rouërie” ou “conspiration bretonne” (ou “l’association bretonne” ou encore “conjuration bretonne”).
Jeunesse et formation
Issu d’une vieille famille de la noblesse bretonne, Armand Tuffin de La Rouërie reçoit une éducation typique des gentilshommes de son époque. Destiné à une carrière militaire, il intègre le régiment de Conti-Infanterie (corps de l’armée continentale) à 16 ans. Son tempérament aventureux et son esprit rebelle se manifestent très tôt, lorsqu’il prend part à la guerre d’indépendance américaine aux côtés des insurgés contre les Britanniques.
Effectivement, en 1777, à l’âge de 26 ans, il s’engage comme volontaire dans le régiment de Dillon, un corps de l’armée française envoyé combattre aux côtés des insurgés américains contre les troupes britanniques.
Il participe à plusieurs batailles majeures, dont celle de Brandywine en septembre 1777 en Pennsylvanie où son unité subit de lourdes pertes face aux Anglais. En 1778, il est envoyé avec d’autres officiers français auprès du général George Washington pour servir d’instructeur et d’assistant aux troupes continentales américaines. Sa connaissance des tactiques militaires européennes est particulièrement appréciée.
La Rouërie prend part à la décisive bataille de Yorktown en 1781 qui voit la capitulation des forces anglaises commandées par Cornwallis. C’est une victoire cruciale qui marque le tournant de la guerre en faveur des indépendantistes.
Après plusieurs années de combats aux Amériques, il rentre en France en 1783, décoré et imprégné des idées révolutionnaires.
Il me semble important de souligner que sous la monarchie française de Louis XVI, la France a fourni un soutien crucial aux colonies américaines en leur fournissant des armes, des munitions, des fonds et des troupes. Ce qui a contribué de manière significative à l’issue de la guerre en faveur des Américains.
Son engagement contre-révolutionnaire
De retour en France, il assiste aux prémices de la Révolution française avec inquiétude. Il se range résolument dans le camp contre-révolutionnaire. Ce qui peut sembler très paradoxale voire contradictoire, au regard de son engagement aux côtés des forces révolutionnaires et insurgées américaines ! Cela reflète les complexités et les nuances des positions politiques et des circonstances historiques dans différentes périodes et contextes.
Il était mécontent des excès de la Révolution et voyait d’un mauvais œil le passage à un régime républicain basé sur des valeurs morales abstraites et versatiles.
Comme beaucoup il n’était pas dupe et voyait dans cette pseudo révolution, un coup d’état de la bourgeoisie pour renverser l’ordre établi. Son âme de soldat forgée dans le brasier de la guerre d’indépendance américaine, ne pouvait pas tolérer que la France sombre dans l’anarchie et la tyrannie d’une populace manipulée par une élite privilégiée.
Il a donc naturellement pris position contre la radicalisation politique et les violences de la Révolution qui ne cessaient de croître, à mesure que la grogne se répandait comme traînée de poudre.
Sa stratégie reposait sur la coordination d’insurrections simultanées dans plusieurs régions de l’ouest de la France, notamment en Bretagne, en Normandie et en Anjou.
Une fin tragique à l’image de la République
La Rouërie, traqué, trouve refuge chez un de ses lieutenants à Vitre. Mais son hôte, grisé par la récompense promise, le trahit.
Il est arrêté le 29 janvier 1794. Condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, il est guillotiné à Paris le 28 juin 1794 à l’âge de 43 ans. Ses derniers mots furent : “Je meurs fidèle à mon Dieu et à mon Roi”. Tel un symbole, la République a vaincu dans la médiocrité, la vilenie et le déshonneur.
- Louis de Frotté
Jeunesse et formation
Louis de Frotté naît le 16 janvier 1766 à Couterne dans l’Orne, au sein d’une famille de petite noblesse. Son père est un modeste gentilhomme campagnard. Dès son plus jeune âge, on lui inculque les valeurs chevaleresques et monarchistes typiques de son éducation nobiliaire.
Après des études au collège de Juilly près de Paris, il décide à 16 ans de suivre la voie des armes comme la plupart des jeunes nobles de son époque. En 1782, il s’engage donc dans le prestigieux régiment de cavalerie Royal-Normandie. Sa carrière militaire démarre sous l’Ancien Régime, mais la Révolution qui éclate en 1789 va bouleverser son destin. En 1789, à 23 ans, il n’est encore que lieutenant dans son régiment.
Engagement contre révolutionnaire
Choqué par les événements révolutionnaires et la déchéance puis l’exécution du roi Louis XVI en 1793, il rejoint la même année l’armée catholique et royale des Vendéens qui se sont soulevés contre la République.
Après l’écrasement de la révolte vendéenne, le jeune officier royaliste décide de poursuivre le combat chez lui, en Normandie. À partir de cette année-là et jusqu’en 1800, il organise et dirige dans l’Orne et la région de Flers un important mouvement de guérilla contre-révolutionnaire. Avec ses troupes aguerries, il multiplie les audacieuses attaques de harcèlement contre les forces républicaines pendant 5 longues années.
Mort
En janvier 1800, l’un de ses proches le trahit et dénonce sa cachette aux autorités. Louis de Frotté est alors arrêté à Orne par la gendarmerie républicaine. Jugé sommairement par une commission militaire révolutionnaire, il est condamné à mort.
Le 28 janvier 1800, à l’âge de 34 ans, le vaillant officier contre-révolutionnaire est fusillé sur la place du Vieux-Marché à Verneuil. Avant de mourir bravement, il lance avec fierté : “Vive le Roi ! Vive la paix ! Vive le bonheur des Français !”.
Son exécution choque de nombreux Normands, révoltés par la vindicte républicaine contre ce hardi défenseur de la cause royale. Frotté reste dans les mémoires comme un héros de la contre-révolution.
- Jean Nicolas Stofflet
Jeunesse et formation
Issu d’un milieu très modeste de paysans, Jean Nicolas Stofflet est né en 1753 à Bathelémont. Illettré, cet humble garçon des champs n’avait pourtant rien de médiocre. Doté d’un sens aigu de la stratégie et d’un courage à toute épreuve, il était taillé pour devenir un chef de guerre hors pair, malgré son manque d’instruction.
Engagement contre révolutionnaire
En 1793, révolté par les excès de la Révolution et la persécution des catholiques, Stofflet rejoint les rangs de la glorieuse armée vendéenne.
Rapidement remarqué pour ses talents militaires, il devient un lieutenant de premier plan sous les ordres du vénéré généralissime Cathelineau, surnommé le « Saint de l’Anjou » (un des premiers chefs de file de la rébellion vendéenne).
Il se couvre de gloire lors de batailles épiques comme Torfou et Cholet, remportant victoires sur victoires face aux “Bleus”.
Son destin, passé du rang de simple paysan illettré à celui de chef militaire de la contre-révolution, est un exemple saisissant de la méritocratie qui régnait sous l’Ancien Régime.
Bien que né dans les plus basses couches de la société, son talent naturel pour la stratégie et son courage inébranlable lui ont permis de s’élever au sein de l’armée vendéenne. Les idéaux monarchiques et catholiques qui unissaient les rangs ont transcendé les barrières sociales.
La noblesse, le clergé et le peuple des campagnes se sont rassemblés, liés par leur attachement à la royauté, à la foi et aux traditions séculaires. Un humble paysan comme Stofflet a ainsi pu être reconnu à sa juste valeur et accéder aux plus hautes responsabilités militaires.
On peut légitimement opérer un rapprochement entre Stofflet et Charrette.
Mort
Traqué sans relâche, il est finalement capturé en 1796 par les troupes républicaines. Fidèle jusqu’au bout à la cause royale, Stofflet affronte la mort avec un courage admirable lorsqu’il est fusillé à Angers.
Son sacrifice consacre cette figure emblématique de la résistance aux idéaux pervertis de la Révolution.
- Madame de Lescure
Jeunesse et formation
Née Victoire Donnissan de La Rochejaquelein en 1772, dans une famille de l’ancienne noblesse du Poitou, elle reçoit une éducation digne de son rang. Bercée par les valeurs chrétiennes et monarchiques, cette jeune femme d’une grande piété et d’un courage hors norme était prédestinée à jouer un rôle clé dans le grand soulèvement vendéen contre les fureurs révolutionnaires.
Engagement contre-révolutionnaire
En 1793, Victoire rejoint son époux Louis de Lescure parmi les rangs de la glorieuse armée catholique et royale. Animée d’une foi inébranlable, cette amazone intrépide n’hésite pas à enfourcher un cheval et à combattre aux avant-postes.
On la voit parcourir les campagnes à cheval, un crucifix à la main, exhortant les paysans à prendre les armes pour la cause du Roi et de la Foi. Sa parole enflammée et son courage sans bornes galvanisent les troupes vendéennes.
Mais Madame de Lescure n’est pas seulement une oratrice de talent, c’est aussi une combattante hors-pair. Lors des batailles sanglantes comme Torfou et Cholet, elle se jette dans la mêlée, toujours au plus fort des affrontements, menant ses hommes à l’assaut avec une bravoure héroïque.
Entre deux sièges, cette femme d’exception se consacre aussi à soigner les blessés, apportant réconfort et assistance aux victimes civiles et militaires.
Mort
Elle n’a pas connu une fin tragique. Bien que blessée et emprisonnée un temps par les républicains, elle a survécu aux terribles affrontements.
Après la défaite finale des armées royalistes en 1796, elle se réfugie en Angleterre puis rentre en France sous le Consulat. Cette femme d’un courage légendaire ne renonça jamais à ses idéaux monarchistes et catholiques.
Veuve depuis 1815, elle consacra le reste de sa vie à défendre la mémoire de l’insurrection vendéenne et à venir en aide aux anciens combattants royalistes. Ce n’est qu’en 1857, à l’âge de 85 ans, que s’éteignit cette héroïne qui avait donné tant de gages à la Cause sacrée du Trône et de l’Autel.
- Marie-Maurille de Sombreuil ou « l’héroïne au verre de sang »
Jeunesse et formation
Née en 1770 dans une illustre famille de l’ancienne noblesse, elle grandit bercée par les valeurs royalistes et chrétiennes. Fille du marquis de Sombreuil, gouverneur des Invalides à Paris, elle est élevée dans le culte de l’honneur, de la vertu et du dévouement à la monarchie.
Engagement contre-révolutionnaire
Selon la rumeur et la légende, son courage et sa beauté lui ont valu une grâce particulière. On raconte que cette grâce a été obtenue à un prix terrible, fixé par Stanislas-Marie Maillard (figure majeure de la révolution), surnommé « Tape-Dur » : pour épargner la vie de son père, elle aurait dû boire un verre de sang frais.
Tape-Dur aurait alors plongé un verre dans un baquet recueillant le sang des victimes décapitées (provenant notamment de Monsieur de Saint-Marsault selon le comte de Villelume).
Ce verre aurait été tendu à Mademoiselle de Sombreuil qui, sans hésiter, l’aurait bu d’un trait en criant « Vive la Nation ! », sauvant ainsi, du moins temporairement, la vie de son père.
Cet acte de bravoure exceptionnelle fait de la jeune femme une figure de la résistance royaliste à Paris. Désormais dans le collimateur des jacobins, elle rejoint les rangs des contre-révolutionnaires.
Emprisonnée à son tour sous la Terreur pour son rejet obstiné des idéaux républicains, elle subit avec une dignité admirable les pires sévices et humiliations. Rien ne peut entamer son courage ni sa loyauté envers la Cause sacrée du Roi martyr.
Malgré la menace permanente de l’échafaud, cette héroïne chrétienne demeure ferme dans ses convictions contre-révolutionnaires. Jusqu’au bout, son âme restera vierge des idées perverses de 1789. Un exemple lumineux de vertu, d’abnégation et de résistance face aux bourreaux de l’Ancien Monde.
Mort
Marie Maurille survécut à la période révolutionnaire, demeurant fidèle jusqu’à sa mort à ses convictions. Elle s’éteignit le 7 avril 1823 à Paris, à l’âge de 53 ans.
Fait rarissime à l’époque, son cœur fut conservé et inhumé aux Invalides, ce lieu hautement symbolique où son père le marquis de Sombreuil avait été gouverneur. Une reconnaissance posthume de son courage héroïque et de son dévouement à la cause monarchique pendant la Révolution. Bien que son nom ait été masculinisé et orthographié “Maurisse” sur l’urne funéraire, ce dernier hommage témoigne de la vénération dont jouissait cette figure emblématique de la résistance contre-révolutionnaire.
PS : 3 possibilités se distinguent quant à cette masculinisation de son prénom :
- Il existait une tradition assez répandue, surtout pour les femmes célèbres, d’utiliser une forme masculinisée de leur prénom sur leur sépulture, suivant des conventions alors en vigueur.
- On peut penser que cela visait à rendre hommage au courage considéré comme “viril” dont fit preuve Marie Maurille, défiant les conventions féminines de l’époque par ses actes héroïques.
- Certain ont évoqué la possibilité que cette forme “Maurisse” fasse référence à une légende selon laquelle elle aurait combattu déguisée en homme dans les rangs royalistes.
- Émilie de Sainte-Amaranthe
Jeunesse et formation
Émilie de Sainte-Amaranthe, née Charlotte-Rose-Émilie Davasse de Saint-Amarand, est née en 1773 à Paris. Peu d’informations sont disponibles sur sa jeunesse et sa formation, mais elle a probablement reçu une éducation typique pour une jeune fille de son milieu social à l’époque.
Engagement contre-révolutionnaire
Son action la plus notable est survenue lors de « l’affaire des chemises rouges » en janvier 1793. À cette époque, elle était en relation avec le chevalier Armand-Guy-Simon de Coetnempren. Ensemble, ils ont planifié une tentative audacieuse pour sauver Louis XVI, alors en procès devant la Convention nationale, en lui apportant une lettre de grâce.
Déguisés en prêtres, ils ont tenté de pénétrer dans la salle du tribunal pour lui remettre la lettre de grâce.
Cependant, leur tentative a été découverte et ils ont été arrêtés avant de pouvoir remettre la lettre. Le roi Louis XVI a été exécuté malgré leurs efforts.
« L’affaire des chemises rouges » fut un sombre épisode de la Révolution française, marqué par l’injustice et la terreur révolutionnaire. Cinquante-quatre individus, sans que leur culpabilité ait été formellement établie, furent jugés et condamnés à mort. Ils furent ensuite exécutés revêtus des chemises rouges distinctives des assassins.
Ce triste événement reflète la brutalité et l’arbitraire du régime révolutionnaire, où la justice était souvent submergée par la soif de vengeance et l’idéologie extrémiste. Les victimes de « l’affaire des chemises rouges » furent sacrifiées sur l’autel de la Révolution, leur mémoire souillée par une exécution publique profondément injuste.
À travers cette affaire, la Révolution française révèle sa face sombre, celle d’un régime totalitaire prêt à sacrifier l’innocence au nom de ses idéaux fanatiques.
Mort
Après l’échec de la tentative de sauvetage du roi, Émilie de Sainte-Amaranthe a été arrêtée et jugée pour complot contre la République. À l’âge de vingt ans, elle fut, accompagnée de sa mère Jeanne-Louise-Françoise de Sainte-Amaranthe, née en 1751, ainsi que de son frère Louis de Sainte-Amaranthe, âgé de seize ans et demi, conduite à l’échafaud sur la place du Trône-Renversé, le 29 prairial an II (17 juin 1794).
Pour terminer
La Révolution française, si ardemment et fallacieusement encensée pour ses idéaux trompeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, fut également le théâtre d’une opposition farouche et déterminée de la part des contre-révolutionnaires.
Les idéaux des Lumières, vantés comme étant porteurs d’espoir et de progrès, ont tout autant suscité le rejet et la méfiance, au sein même de leur mouvement (on pense naturellement à Rousseau ou Burke par exemple, ce dernier étant extrêmement pertinent sur sa critique de la Révolution Française). Comme d’habitude, les réfractaires étaient considérés comme des rustres illettrés qu’il fallait combattre.
Cependant, à l’époque les joutes étaient intellectuelles, de hautes volées et cordiales, les adversaires se respectaient et s’écoutaient … Jusqu’à un certain Voltaire, qui aurait rêvé faire partie de la noblesse (jalousie, convoitise et vanité) et dont les capacités intellectuelles limitées l’ont poussé à adopter un style de débat et de critique beaucoup plus vulgaire, médisant et mesquin (il aurait sûrement été chroniqueur/sniper pour “Quotidien” aujourd’hui …).
Néanmoins, il ne faut pas se tromper, je pense qu’il reste un personnage courageux et influent (qui a payé un lourd tribut pour ses positions), qui a été largement instrumentalisé par les révolutionnaires en quête de modèles (son adhésion au mouvement n’étant pas du tout avérée)
Si l’histoire officielle a choisie de retenir les faux héros de l’insurrection, il convient aujourd’hui de saluer le véritable courage et la détermination de ces figures contre-révolutionnaires.