Le cri du blaireau : réquisitoire contre la cruauté humaine
La Nature nous a gratifiés d’une biodiversité incroyable, où chaque être, du plus imposant au plus petit, y occupe une place essentielle, tissant ainsi un réseau complexe d’interdépendance vitale.
Cependant, elle reste méconnue et incomprise par l’espèce humaine, incapable de saisir quelque chose qui le dépasse tant et qui se heurte souvent à son désir insatiable d’expansion et de contrôle. Dans notre quête incessante de progrès et de domination, nous nous sommes souvent placés au-dessus, ignorant les nuances subtiles qui maintiennent l’équilibre fragile de notre écosystème.
Pourtant, l’Homme, dans sa prétendue supériorité, s’arroge le droit de juger et condamner certaines espèces selon des critères bien souvent injustes et déraisonnables.
L’un des plus flagrants exemples réside dans le traitement infligé au blaireau. Cet humble gardien des sous-bois, discret explorateur du règne souterrain, se voit ainsi étiqueté comme gibier, voire de manière détournée, comme nuisible, par les mêmes âmes obtuses qui se parent toujours des atours de la raison.
Tandis que son homonyme humain, le blaireau de pacotille, se drape dans l’arrogance de ses certitudes fumeuses dans une autocongratulation insupportable, le mustélidé se love, vigilant et fier, au creux de son humble tanière. Que pèsent les fadaises anthropocentriques face à l’antique sagesse de ce philosophe à l’épaisse fourrure ?
Regards croisés sur le blaireau et son homonyme
Dans les coulisses de nos forêts, le blaireau opère en silence, mais son travail est d’une importance capitale. Ce fouisseur infatigable aère les sols de manière naturelle, favorisant ainsi leur fertilité et la croissance des végétaux.
Ses terriers sont souvent utilisés comme des toilettes collectives, où ils déposent des excréments riches en nutriments, contribuant ainsi à enrichir le sol en matière organique, favorisant la croissance des plantes. Ces déjections, en plus d’être un engrais naturel, servent également de repères olfactifs pour d’autres animaux. Ces labyrinthes souterrains offrent un refuge à de nombreuses autres espèces, telles que les renards, les lapins et les hérissons par exemple.
Ces micro-habitats souterrains sont donc essentiels pour la survie de nombreuses créatures, en particulier dans les zones où les abris naturels sont rares. En creusant des galeries, le blaireau mélange les couches de sol, favorisant ainsi la circulation de l’air, de l’eau et des nutriments. Ce processus contribue à améliorer la structure de la terre et à prévenir la compaction, ce qui est bénéfique pour la croissance des plantes.
En tant que prédateur de certains nuisibles et proie pour d’autres prédateurs, le blaireau participe à l’équilibre des chaînes alimentaires dans les écosystèmes. Sa présence contribue à maintenir la biodiversité et la stabilité des communautés animales et végétales environnantes.
Ainsi, le blaireau incarne bien plus qu’un simple fouisseur de terres. Il est un acteur clé dans le maintien de la santé des écosystèmes, offrant une multitude d’avantages souvent méconnus mais cruciaux pour la survie et le bien-être de la vie sauvage et des écosystèmes qui l’entourent.
Le blaireau humain quant à lui est une figure bien connue et répandue dans nos sociétés contemporaines. Il incarne l’archétype de celui qui se targue de détenir une connaissance universelle, s’appuyant sur des certitudes qu’il considère comme irréfutables. Convaincu de détenir la vérité, il évite soigneusement toute remise en question, se retranchant derrière un mur d’auto-assurance.
Il n’a pas de couleurs politiques définies. Son comportement est le reflet de ses habitudes et de ses inclinations. Il préfère naviguer dans les eaux calmes de la facilité, évitant tout effort, tant physique qu’intellectuel. C’est un être en quête perpétuelle d’excuses pour justifier ses lacunes et ses échecs, se déresponsabilisant de ses actions.
Sa soif de savoir se limite souvent à des sources superficielles et éphémères, telles que les vidéos de vulgarisation en ligne, où la complexité des sujets est réduite à quelques minutes de divertissement (encore une petite dédicace à Konbini et ces iconiques “on vous explique “).
Malgré cela, il se considère volontiers comme un expert. Il présente la particularité de « connaître », il détient la connaissance et le savoir, ce qui lui permet d’avoir une posture de professeur de vie. On retrouve souvent ce type de personnage dans des organisations très technocratiques et hiérarchiques (ou des associations de gauche).
Il peut parler en croisant les bras, aspirer de l’air pour faussement acquiescer, puis embrayer sur une diatribe insupportable.
En somme, le blaireau humain est une présence omniprésente dans notre société moderne, une figure qui incarne l’illusion de la connaissance sans effort, préférant la superficialité à la profondeur, et l’autosatisfaction à l’introspection. De plus, il ressent souvent le besoin pressant de se conformer aux dernières normes établies, de suivre le troupeau, et de se positionner dans le “bon camp”, afin de revendiquer une prétendue supériorité morale à moindre frais. La belle affaire !
Mais derrière cette façade de certitude se cache une fragilité profonde, une peur viscérale de l’incertitude, du changement et de la remise en question des informations dont il est matraqué. Se responsabiliser de ses convictions et de ses avis, demande désormais beaucoup de courage pour faire face aux accusations “d’extrême-droite”, “d’extrême-gauche”, de “au-choix-Phobe” et tous les clivages binaires qui visent à vous faire rentrer dans le rang de la pensée autorisée et admise.
Le blaireau, dans son obstination à tout connaître et à tout affirmer, se condamne à l’immobilisme de l’esprit (jusqu’à ce que ses maîtres l’autorisent à douter). Prisonnier de ses propres illusions, il erre dans un labyrinthe de dogmes doxastiques.
“Ce n’est pas le doute qui rend fou, c’est la certitude.” – Friedrich Nietzsche (cette citation est extraite du livre “la volonté de puissance”).
Les principaux chefs d’accusation du blaireau
J’ai choisi de répondre aux 3 accusations majeures.
- Transmission de maladies : Les blaireaux peuvent être porteurs de maladies, notamment la tuberculose bovine, qui peut être transmise au bétail et parfois à l’homme. Dans certaines régions, les blaireaux sont considérés comme un vecteur de propagation de maladies et sont donc l’objet de mesures de contrôle.
- Dégâts aux cultures et aux jardins : Les blaireaux peuvent causer des dommages aux cultures agricoles et aux jardins en creusant des terriers et en cherchant de la nourriture, notamment des vers de terre et des insectes. Cela peut entraîner des pertes économiques pour les agriculteurs et les jardiniers.
- Politiques de gestion de la faune: Les politiques de gestion de la faune dans certaines régions autorisent la chasse au blaireau dans le cadre de stratégies plus larges visant à maintenir des populations équilibrées d’espèces sauvages et à minimiser les conflits avec les humains.
Transmission de maladies
Il est tout à fait risible de constater à quel point la responsabilité des maladies est souvent attribuée à des facteurs externes à la communauté humaine. Dans un monde où les rayons des supermarchés regorgent de produits hautement transformés et de substances nocives, où la pollution de l’air et de l’eau menace notre santé à chaque instant, où les lobbys pharmaceutiques font la promotion d’expérimentations médicales discutables, il est pour le moins ironique de faire des animaux les coupables des maladies humaines.
Pendant que le sucre, l’alcool, le sel et une myriade d’autres produits toxiques sont en vente libre, et que nous sommes constamment exposés à des perturbateurs endocriniens dans notre environnement, il semble absurde de pointer du doigt certaines espèces animales comme les boucs émissaires de nos maux de santé. Ce serait presque comique si ce n’était pas aussi tragiquement révélateur des priorités de notre société.
Ca n’est pas un discours démagogique, s’octroyer le droit de vie ou de mort, parce qu’une espèce animale est tenue pour responsable (ce qui reste à démontrer) de décès qui se compte sur les doigts d’une main (et qui sont toujours d’une tristesse infinie) me semble être un tantinet exagéré et hypocrite. Il n’y a d’ailleurs pas de statistiques détaillées à ce sujet. Mais vous me connaissez (ou pas :-)), je vais essayer d’être le plus factuel et complet possible.
- La rage : inutile de développer puisque c’est tout simplement faux. Aucun cas diagnostiqué en France depuis 2001. Suivant.
- Tuberculose bovine :
- Comme son nom l’indique, c’est une forme de la maladie qui touche principalement les bovins et qui est transmissible à l’homme. Souche bovine de la tuberculose appelée « Mycobacterium bovis ».
- De base, on nous indique que, je cite, « En France, plus de 99% des cas de tuberculose chez les humains sont dus à la souche humaine de la maladie (Mycobacterium tuberculosis). » (Source gouvernementale : La tuberculose bovine : Questions – Réponses | Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire).
- Il s’agirait donc d’une réaction en chaine, dans laquelle le blaireau transmettrait la maladie à une espèce bovine, qui la transmettrait ensuite à l’homme. Une sorte d’euromillion de la tuberculose.
- Le blaireau serait une des espèces possiblement vectrice de la maladie (avec tous les autres nuisibles bien sûr, c’est un package, une sorte de fourre-tout). Donc peut-être, que potentiellement, il se pourrait que … Donc tuez-les tous.
- Gale sarcoptique
- Il faudrait là encore une réaction en chaine très improbable.
- Les animaux domestiques en sont les principaux vecteurs, alors pourquoi ne pas tuer nos chiens ?
L’argument selon lequel les blaireaux sont responsables de la transmission de maladies aux humains est extrêmement fallacieux, étant donné que la probabilité de croiser un blaireau dans la vie quotidienne est exceptionnellement faible.
Ces animaux sont nocturnes, discrets et généralement peu enclins à s’approcher des zones densément peuplées. Par conséquent, attribuer les maladies humaines aux blaireaux est non seulement infondé, mais aussi détourne l’attention des véritables risques pour la santé publique et de l’importance de prendre des mesures préventives appropriées face à ces risques.
Ce sont les mêmes arguments utilisés pour justifier le génocide des renards par exemple.
Dégâts aux cultures et aux jardins
Comme évoqué dans l’introduction, les blaireaux jouent un rôle essentiel dans l’aération naturelle des sols. Cela favorise leur fertilité et la croissance des végétaux, contribuant ainsi à préserver la biodiversité.
Cette fonction essentielle a été confirmée par mes découvertes lors d’échanges culturels, où j’ai eu la chance de découvrir les principes de la permaculture.
Dans cette note du CSPNB (Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversité) datant du 2 juin 2016, intitulée « Cohabitation entre blaireaux, agriculture et élevage », il est écrit en toute lettre, je cite « La mauvaise réputation du blaireau, liée à sa vie nocturne et souterraine, a été colportée au fil des siècles. Ainsi, s’il a été considéré comme une espèce à détruire, son régime alimentaire ne soutient pas l’idée qu’il puisse causer des dégâts aux cultures, et n’en fait pas un ‘ennemi’ de l’agriculture, au contraire ». Je pense qu’il est difficile d’être plus clair.
Je vous invite vivement à lire la conclusion de cette étude, qui m’apparaît comme mesurée et réaliste. En ce qui concerne les dégâts agricoles causés par le mustélidé, elle préconise une meilleure identification de leur responsabilité, ainsi que des recherches approfondies sur leur relation avec le paysage agricole, puisqu’aucune preuves ne peuvent étayées la piste du « blaireau criminel ».
Des mesures telles que la protection des champs par des clôtures et la création de terriers artificiels pourraient réduire les potentiels dommages et atténuer les réactions violentes. Sans évaluation précise de ces dégâts, abattre massivement les blaireaux n’est pas justifié. De plus, ni le risque d’infection tuberculeuse en France, ni les dégâts aux cultures ne justifient une telle mesure. La réglementation devrait plutôt interdire les méthodes d’abattage inhumaines, encourager les alternatives et permettre la vaccination de ces animaux.
Il semble donc que l’innocence du blaireau soit un fait établie, connu et reconnu ! Et pourtant le massacre continu dans le plus grand des calmes. N’est-ce pas la définition même de l’injustice ?
“Tant que les hommes massacreront les animaux, ils s’entretueront. Celui qui sème le meurtre et la douleur ne peut pas récolter la joie et l’amour.” – Pythagore
Politiques de gestion de la faune
Le sacro-saint argument de la régulation m’apparaît comme étant fallacieux pour plusieurs raisons.
Premièrement et non des moindres, l’association « France Nature Environnement », nous apprend que, je cite « Le blaireau n’est pas une espèce prolifique et on ne peut pas considérer qu’il pullule. Chaque année, une femelle sur trois donnes naissance à une portée et la mortalité juvénile est élevée. En milieu naturel, la plupart des individus ne dépassent pas l’âge de 4 à 5 ans. Les populations naturelles restent stables d’une année à l’autre. » (source ici)
Il me semble que cet argument remet en question la nécessité de réguler les populations de blaireaux par la persécution et la chasse. En effet, étant donné qu’ils ne se reproduisent pas à un rythme très rapide et que la mortalité juvénile est élevée, il est peu probable, voire impossible, que les populations cibles connaissent des augmentations exponentielles incontrôlées (l’exemple du Royaume-Unis, où l’espèce est intégralement protégée depuis 1973, le prouve).
Deuxièmement, le tour de passe-passe mis en place afin de continuer le massacre, presque comme s’il était toujours classé « nuisible », représente un aveu de son caractère infondé et injuste … Effectivement, ce dernier consiste à jouer sur les mots et redéfinir des termes afin de pouvoir y inclure cette espèce, puisque ce dernier est considéré comme gibier alors qu’on ne consomme pas sa viande.
La définition de « gibier » a donc été élargie pour y inclure la chasse de loisir. Le pauvre animal est donc officiellement uniquement chassé pour le simple plaisir de tuer et rien d’autre ! Absolument rien d’autre. C’est donc quelque chose de divertissant que de tuer, que dis-je, massacrer (nous reviendrons sur les façons absolument ignobles qui sont utilisées) ces animaux dans des souffrances absolument inaudibles (certains s’adonnent à l’escalade, le judo, l’aquarelle … Quand d’autres aiment à infliger de la souffrance jusqu’à la mort).
On passe donc de la définition suivante : « le gibier désigne l’ensemble des animaux sauvages terrestres chassés pour consommer ou vendre leur viande » à « nom collectif des animaux que l’on chasse soit pour les manger, soit pour en limiter les effectifs ». Alors que le terme « Gibier » a toujours été utilisé pour définir des animaux sauvages destinés à être mangés (et ce depuis le moyen-âge).
Les manipulations linguistiques permettent souvent d’outrepasser quelques limites, peu importe le sujet …
Protéger ce que l’on traque ?
Tel est le cruel paradoxe auquel fait face le blaireau en France. Pourtant essentiel aux écosystèmes, allié objectif de l’agriculture paysanne et biologique, il est, comme on l’a vu, injustement coupable de tous les maux dont on l’accuse.
Bouc émissaire et souffre douleur, cette espèce primordiale est devenue la cible de persécutions révoltantes, de la part de certains « humains » qui ont fait de leur criminalité un loisir.
Après avoir été à tort classé nuisible durant des décennies (en raison de légendes tenaces), son statut actuel de gibier contredit sa protection théorique, permettant des actes d’une barbarie innommable.
En effet, bien que le blaireau bénéficie d’un statut de protection partielle en France, interdisant notamment la destruction de ses terriers ou sa capture intentionnelle, son statut parallèle de gibier autorise sa chasse et sa traque.
Cette dualité crée une faille juridique qui peut être exploitée pour s’affranchir en partie de la loi censée protéger l’espèce. Sous couvert d’une chasse légale, on peut ainsi éliminer des individus et impacter leurs populations, ce qui va à l’encontre de l’esprit de préservation.
Ce paradoxe permet donc, dans les faits, de contourner la législation de protection en profitant de la dérogation que constitue le statut de gibier. La chasse réglementée devient alors un moyen détourné de s’exonérer de l’objectif de conservation affiché.
On se retrouve ainsi dans une zone grise juridique où la protection théorique peut être vidée d’une grande partie de son sens pratique par l’ouverture d’une voie légale de prélèvement contraire à la préservation de l’espèce.
Déterrés à l’aide de pinces par des “chasseurs” d’un nouveau genre, noyés ou cimentés vivants dans leurs terriers, tués à coup de pelle, des blaireaux de tous âges, même les très jeunes devant leur mère impuissante, subissent ces atrocités d’un autre âge. Il faut se rendre compte de la manière dont ils sont chassés et regarder la réalité en face !
Cette espèce est donc devenue la cible de persécutions d’une révoltante cruauté, perpétrées par certains soi-disant “humains” qui ont fait de leur ignominie criminelle un odieux loisir.
Ces bourreaux dénués d’âme, ces monstres d’inhumanité qui se complaisent à torturer et massacrer des êtres frêles et inoffensifs, devraient avoir honte de leur lâcheté abjecte.
Ces criminels patentés insultent la vie elle-même et salissent l’humanité toute entière. Que ces égorgeurs de la nature, ces génocidaires, ces psychopathes avides de sang, soient montrés du doigt et voués à l’opprobre éternel ! Leurs actes barbares sont l’avilissement même de notre civilisation. Puissent ces sous hommes être châtiés comme il se doit par la justice.
Loin des élucubrations de ces gauchistes déconnectés qui ne servent en rien la réalité paysanne de la France profonde (puisqu’ils la méprisent), transmettre à nos enfants l’amour et le respect de la nature me semble bien plus vital.
Plutôt que de leur ressasser qu’ils ne pourront plus conduire la vieille Ford Fiesta diesel familiale et devront économiser pour s’offrir une Tesla électrique, ou pire, renoncer au rêve d’avoir une piscine dans le jardin, apprenons leur à chérir chaque parcelle de ce terroir qui les a vus naître.
Ainsi, émerveillés dès le berceau par la magie presque divine de la faune et de la flore, ils bâtiront un monde où l’homme vivra enfin en harmonie avec son environnement, et non dans cette violence insensée qui fait de nous les bourreaux de la Terre nourricière.
Vous ne pourrez plus dire “je ne savais pas”, “je pensais que” …
“La cruauté est à la base de toutes les perversions.” (Marquis de Sade)
“Celui qui est cruel avec les animaux, ne peut être un homme bon.” (Schopenhauer)
Merci de m’avoir lu !