Un joyeux bordel dans ma tête !

Une petite liste non exhaustive des difficultés auxquelles je dois faire face au quotidien. C’est un « état des lieux » de ma personne. Au-delà du simple fait de parler de moi, cette liste représente un ensemble de points à travailler. Effectivement, être conscient des difficultés et des situations à risques, permet de mieux les appréhender et de s’améliorer au fur et à mesure. C’est quasiment un sacerdoce, puisque ça représente un investissement de tous les instants, qui est extrêmement coûteux en énergie.

  • Préparer en amont n’importe quelles interactions

« N’importe quelles interactions » –> Ça englobe vraiment toutes les interactions sociales possibles ET probables … En plus de préparer en amont l’interaction qui va se dérouler de manière certaine, il s’agit d’anticiper au maximum les interactions qui pourraient survenir. Il faut donc être toujours sur le qui-vive, pour essayer d’être le moins pris au dépourvu possible. Cela demande une débauche d’énergie considérable. Par exemple, si je vais à la boulangerie, je me répète sans cesse la phrase à énoncer dans ma tête, avant d’arriver devant la personne en charge de la vente. Lorsque je suis à la laverie, j’essaye de cerner les personnes autour de moi, et d’anticiper lesquelles auraient le plus de propension à ouvrir une discussion (qui sera d’ailleurs toujours complètement inutile et vide de sens, vraiment pour meubler), via le comportement non verbal (personne qui semble en recherche de quelque chose, qui regarde à gauche, à droite, qui rumine et parle un peu dans sa barbe, autant de signes qui montrent qu’elle pourrait se tourner vers une tierce personne).

La rencontre de « connaissances » étant le pire des scénarios possible. Puisque ce n’est pas vraiment des personnes proches, que je ne les connais pas vraiment. Il s’agit alors de jouer le jeu social et de feindre l’intérêt. « Et tu fais quoi en ce moment ? », parler de travail est souvent la solution de facilité (si la personne est au chômage c’est raté). Toujours rester dans la superficialité afin d’écourter au maximum la rencontre. Plus la rencontre dure, plus mon réservoir d’énergie diminue. Plus le « moment M » approche, plus le stress augmente. Dans ces moments-là, il m’arrive de bégayer ou de perdre mes mots (donc je passe encore plus pour un blaireau).

  • Le (gros) problème des discussions improvisées

La principale difficulté réside dans le caractère improvisé. Généralement il s’agit d’interactions complètement vide de sens. Tout ce qui résulte de conventions sociales (la logique du plus grand nombre en gros) et qui n’est pas logique, me pose des problèmes. Par exemple, lorsqu’une personne dit, « Ah salut comment tu vas ? », ici, le but n’est pas réellement de s’enquérir de mon état, c’est une manière détournée de dire bonjour, ou tout simplement une manière pour la personne de montrer qu’elle m’a reconnu. Je sais qu’il faut répondre que ça va et s’enquérir de l’état de la personne, qui répondra que ça va à son tour. Quel est l’intérêt logique de ça ? Feindre le bien être ? Parfois ça me pose problème, parce que j’ai l’impression d’avoir menti. Mais je préfère ça, plutôt que de répondre que ça ne va pas, et de créer un malaise, puisque la plupart du temps, la discussion n’était pas vouée à aller plus loin.

Il faut quand même toujours répondre en prenant en compte le degré de connaissance de la personne. Plus on connaît la personne, plus on peut se livrer. M’adapter à la personne que j’ai en face de moi, est très compliqué et demande une réflexion. J’aurai tendance à me comporter de manière similaire avec tout le monde, peu importe le degré de connaissance.

Même avec mon expérience de 28 ans de vie sur la même planète, c’est toujours un calvaire. Rester dans la superficialité m’est très difficile, comment répondre de manière superficielle à du superficiel (quel est intérêt réel de ce type d’interactions ? On n’a toujours pas trouvé). Et même si le sujet n’est pas vide de sens, le fait de ne pas avoir pu travailler ma réponse en amont, m’embête. Je déteste apporter une réponse qui n’est pas qualitative. Même sur un cas facile, il faut prendre beaucoup de variables en considération pour apporter une réponse perspicace. Ce qui n’est pas possible lorsque je suis pris au dépourvu. D’ailleurs, souvent, cela génère de la frustration, car je repense à ce que j’ai dit et à ce que j’aurai pu dire … Encore une fois, une grosse débauche d’énergie.

  • La discussion avec plusieurs personnes

Même sans le vouloir, je me retrouve très souvent dans une configuration de discussion avec une seule personne. La gestion de plusieurs personnes autour de moi est compliquée. J’ai souvent du mal à intervenir et à placer mon intervention. Un problème de timing, combiné avec un problème de suivi. Parfois je perds le fil, comme quelqu’un qui perdrait des yeux la petite balle jaune, lors d’un match de tennis.

  • Regarder dans les yeux

Un problème souvent relevé, mais tellement impossible sur le long terme. Par bribes, je peux regarder une personne dans les yeux lorsqu’elle me parle. Mais par bribes seulement. Si je reste le regard fixé dans ses yeux, je perds tout ce qu’il y a autour et il m’est impossible d’entendre le discours, pareil lorsque c’est moi qui parle, au bout d’un moment je vais perdre mes mots, et être obligé de détourner le regard pour reprendre mes esprits et mon discours.

Souvent perçu comme un manque d’intérêt, il n’en est rien. C’est l’inverse, sachez que si je reste le regard planté dans vos yeux, je n’écoute rien de ce que vous me dite.

  • La file d’attente

Peu importe où, la file d’attente est toujours une épreuve plus ou moins surmontable selon mon niveau d’énergie. L’équation : immobilisme avec aucune échappatoire + préparation de l’interaction à venir + environnement sensoriel + regard des autres à gérer, est de niveau math sup math spé. Souvent j’ai eu l’impression que j’allais m’évanouir … La file d’attente est une situation extrêmement anxiogène.

  • L’humour des autres personnes

J’ai souvent du mal avec l’humour des autres personnes. Je peux le trouver divertissant et drôle mais je ne vais pas forcément rire. Généralement, c’est plutôt l’intonation de la voix, plus que le contenu, qui génère le rire chez moi. Alors souvent, je feins le rire

  • Le miens

Comme énoncé auparavant, j’ai du mal à adapter mon comportement en fonction des personnes, et du degré de connaissance. C’est d’autant plus vrai avec l’humour. J’ai tendance à avoir le même comportement avec tout le monde. Alors ça fait de moi un personnage clivant. C’est vraiment à double tranchant. J’ai tendance à « généraliser »  des « private joke » … Et, je concède aisément que hors du contexte, ça peut être difficile à comprendre. C’est un humour dans lequel je peux inventer des mots, faire des métaphores alambiquées, ou partir dans des exagérations improbables.

  • Les contacts physiques

Ce point est assez simple, je n’aime pas qu’on me touche. Je déteste les câlins, les embrassades, les tapes amicales … Je ne suis pas à l’aise avec ça, ça n’est pas naturel.

  • Les imprévus imprévus

Oui, la formulation est bizarre. Mais elle est voulue. Puisque je différencie les imprévus prévus et les imprévus imprévus. Par exemple, dans ma manière de voyager, je sais que je vais devoir faire face à des imprévus. Mais le nombre d’informations collectées en amont, combiné à mon expérience, réduit la partie imprévue de ces imprévus. Il s’agit de maîtriser au mieux cette variable versatile qu’est l’inconnu. Je sais à peu près vers quoi je me dirige, et ça me permet d’imaginer une multitude de scénarios. Par la suite, c’est de l’ajustement.

Hors, il y a des imprévus qu’on ne peut pas prévoir, qui ne rentre dans aucun scénario. Ceux-là, sont mal vécus. Je vis mal le fait d’être dans le flou total et ne rien maîtriser. Dans ces cas-là, je peux rentrer dans des énervements incontrôlés et peu rationnels. Même si ils sont très mal vécus sur le coup, ces imprévus sont très importants, puisque c’est eux qui vont permettre d’opérer une métamorphose en moi. Ils vont venir étoffer mon expérience. Lorsque l’énervement redescend et que la situation redevient contrôlable, je me rend compte que ma réaction n’était  pas adaptée, et alors je commence à envisager d’autres réactions, qui auraient été plus perspicace et en adéquation avec la situation

  • La nuance, l’insinuation, l’allusion

Dans tous les comportements humains, j’ai toujours eu du mal avec ce qui n’était pas clair. J’ai besoin de savoir si c’est blanc ou noir. Il n’y a pas de milieu. Soit c’est oui, soit c’est non. Le peut-être, comme l’incertitude, m’énerve. Par exemple, les gens qui prennent tout à la dérision, m’exaspèrent au plus haut point … Puisqu’il faut faire sois même la recherche de la vérité. C’est un travail fastidieux et fatiguant ! Il s’agit d’analyser le discours, le contexte, la personne pour tenter de savoir si la réponse est sérieuse ou pas, et donc adapter son discours. Certains diront que c’est de l’humour. Je ne suis pas d’accord. Pour moi l’humour doit être délimité, avoir un début et une fin. Les marqueurs de l’humour doivent être évidents et facilement repérable.

La nuance en générale est compliquée, et j’ai souvent des avis très tranchés. Pour ce qui est de l’insinuation ou de l’allusion, plus que le fait de ne pas toujours saisir le bon sens, c’est le procédé en lui-même qui m’énerve. Pourquoi vouloir faire comprendre quelque chose sans le dire clairement ? Sommes-nous dans ce genre de jeu, où on doit faire deviner un mot, sans dire une liste de mots clefs ? Non.

  • Difficulté à faire deux choses à la fois

Le point parle de lui-même. Ex : travailler avec de la musique ou la télévision en fond n’est pas possible … Soit je fais l’un, soit je fais l’autre. Je dois être à 100% disponible. Je déteste écouter à moitié ou être distrait.

  • La conduite

Le point précédent rentre grandement en considération. C’est pour ça que j’ai passé un permis de conduire en boîte automatique. Gérer la boîte de vitesse, en plus de tout ce qu’implique la conduite, aurait été un challenge bien trop grand (et quelque peu dangereux, pour moi … et les autres ! ahaha).

Au-delà du challenge personnel (dans la croyance populaire, je ne suis pas censé pouvoir faire ça ? Hum d’accord, donc je vais tout faire pour le faire), que le passage de cet examen représentait, c’était surtout un pas vers une plus grande autonomie et indépendance.

Le principal problème réside dans les autres automobilistes. J’ai toujours une pression lorsque que quelqu’un est derrière moi, et je prends n’importe quel geste d’énervement très personnellement. J’ai toujours peur de gêner, de déranger, de retarder … Alors j’ai souvent fait 3 ou 4 fois le tour d’un pâté de maison, juste pour pouvoir me garer sans faire attendre personne. Si je n’avais pas de système de navigation par satellite, je serai perdu … Ralentir pour chercher ma route, ne pas savoir où je vais, tout en respectant le code de la route et tous les usagers … Pas possible ahah ! Avec le GPS ou lorsque je connais la route, je n’ai pas de problème. Cependant, il suffit que la nuit tombe pour redistribuer toutes les cartes !

  • Le sens de l’orientation

J’ai toujours eu une grande difficulté à me situer dans l’espace. J’ai le sens de l’orientation d’une taupe infirme, privée de tous ces sens. C’est incroyable, je suis capable de me perdre dans un rayon inférieur à 1km autour de chez moi.

  • La flexibilité

Mes proches pourront témoigner de mon inflexibilité. Cependant, ça a été le vrai apport majeur du voyage, et de la découverte d’autres modes de vie et d’autres approches. Je joins la flexibilité avec la tolérance, l’ouverture d’esprit et l’acceptation de la différence (ce qui est paradoxal, puisque dans l’absolue, je suis moi-même différent).

Il s’agit surtout d’observer, et se retenir de porter un jugement hâtif. Essayer de comprendre avant d’agir, et intégrer le fait qu’il n’y a pas qu’une vérité générale et  qu’une bonne façon de faire. C’est encore difficile, et ça reste corrélé à mon niveau d’énergie.

  • Le fait de répéter les choses

Ça m’arrive très rarement d’oublier quelque chose (cependant, ça peut arriver, je ne suis pas une machine). Mais je prends très mal le fait de répéter une information. Comme si la première fois, la personne ne prêtait pas attention à ce que je disais, je prends ça comme une attaque … Un point à travailler !

  • Difficulté à différencier certaines couleurs

Suis-je réellement daltonien ou pas ? Je ne sais pas. Mais j’ai des difficultés à différencier certaines couleurs et leur déclinaisons (bleu, violet, vert, orange rouge …). Ce qui m’a valu quelques quolibets, sur des associations de couleurs pas très harmonieuses dans mes tenues !

  • Le monde, la foule

J’ai eu une période (pré diagnostic) de phobie sociale, qu’on peut rapprocher de l’agoraphobie. Je déteste me retrouver au sein d’une foule ou dans un endroit avec vraiment beaucoup de monde. Je sens mes sens être submergés, comme si le monde allait se recroqueviller sur moi …

  • Les addictions et un comportement dans les extrêmes

Je suis plus sujet aux addictions. Je pense que c’est mon comportement, toujours dans les extrêmes, qui en est la principale cause. C’est souvent noir ou blanc. Si je fais quelque chose, je vais le faire à fond ou pas du tout.

Par exemple, pour ce qui est de l’alcool, même si son usage reste dans un cadre festif, il est très difficile pour moi de m’arrêter. La désinhibition et le fait d’être moins conscient de moi-même, apporte un bien être tel … Qu’il est difficile de se contrôler. Cependant, je tends à m’améliorer, rassurez-vous J J’ai beaucoup évolué dans le monde de la nuit. Peut-être parce que « la nuit, tous les chats sont gris » et que des comportements « différents » passent plus inaperçus. C’est l’humoriste Louis T, qui en parle le mieux : https://www.youtube.com/watch?v=BixGbzxJjNs .

Les lendemains de fête sont de plus en plus difficilement gérables. Tous mes traits autistiques sont épaissis et il m’est difficile d’être sociable et bien dans ma peau (les symptômes de ce qu’on peut appeler « gueule de bois », étant très proches de ceux d’une crise d’angoisse, les deux s’emmêlent).

  • Être complimenté, flatté

Je n’aime pas. Puisque peu importe le point sur lequel on va me complimenter, il y aura toujours quelqu’un qui aura fait mieux que moi, donc je ne me sens pas légitime. Je considère que la personne n’a pas toutes les armes pour juger, alors son jugement est biaisé, et donc en quelque sorte, faux.

  • Recevoir des cadeaux

Je n’aime pas beaucoup ça. Puisque je ne peux pas répondre à l’intérêt que l’on me témoigne. Souvent les occasions pour offrir des cadeaux, n’ont pas de réelles logiques (ce n’est pas pour récompenser un travail exceptionnel par exemple). Je me sens extrêmement redevable.

  • Difficulté à renier des valeurs fondamentales comme l’honnêteté ou l’éthique

Je ne dirai pas que je ne peux pas mentir, c’est faux, j’en suis capable. Mais je le vis très mal, et j’ai souvent peur que ça se retourne contre moi, et que je doive alors raconter d’autres mensonges pour soutenir le premier … Cette peur sur ce qui va advenir du mensonge, est très grosse. Souvent, je ne comprends pas la mécanique du mensonge et pourquoi le faire. Mon éthique personnelle est aussi très importante. Le poids de la culpabilité serait bien trop lourd. Par exemple, tromper sa copine n’est pour moi, pas envisageable. Ca n’est même pas une possibilité, ça ne rentre pas dans ma réflexion.

Je ne dirai même pas que l’honnêteté est une valeur fondamentale pour moi, puisque ça ne me coûte pas. Ce n’est pas quelque chose sur lequel je travail. C’est juste mon mode de pensée. Je ne réfléchis pas.

Il est vrai que ça m’a porté préjudice quelques fois, sur des avis donnés notamment. Désormais j’essaye d’y mettre les formes et de juger de l’importance du sujet, afin d’essayer d’apporter une réponse plus ou moins nuancée.

  • La justice

C’est un point essentiel. Une injustice (même minime), peut me mettre dans des états d’énervement extrême. Pour moi, chacun doit être sur un pied d’égalité. Peu importe le statut, la hiérarchie … Une différence de traitement non justifié m’est insupportable.

  • Les projections anxieuses

Je sais que l’anxiété provient toujours de projections, plus ou moins, réalistes. Mais comme mon cerveau est en constante activité, je ne peux pas m’empêcher d’envisager toujours une multitudes de scénarios. Et souvent, l’issue est catastrophique ! Ce qui génère une anxiété qui peut être paralysante et m’empêcher de faire la dite chose.

C’est la fin de cet article, si vous êtes arrivé jusque-là, merci ! Si vous avez le courage d’aller lire d’autres articles : Ma place dans le monde et le rôle du voyage, le monde de l’entreprise, ou encore, comment le voyage limite mon anxiété et mon stress ?