Le fait que la société nous mène vers l’aliénation est indiscutable, tout est fait pour diriger nos choix, imposer des modèles, dicter ce qui est bien et ce qui est mal … Bref, faire de nous des machines à consommer dociles et crédules.
Dès le plus jeune âge, l’humain est conditionné pour évoluer dans un système unique et ethnocentriste. La réduction de ses perspectives n’est pas la seule conséquence, cela fait surtout de lui un être fataliste et limité aux frontières en apparence infranchissable de ce monde et de sa condition.
J’ai beaucoup de mal à accepter les choses qui me sont imposés, et à accepter une autorité que je ne considère pas comme légitime et juste. J’ai autant de mal à inhiber mes envies et mes pensées, qu’à renier des valeurs fondamentales comme l’éthique, la justice ou l’honnêteté. Penser au détriment de l’autre (si conséquence directe il y a, je ne parle pas d’effet “boule de neige”) m’est compliqué.
« Ce que tout le monde appelle « éducation », est une machine à fabriquer des soldats de la pseudo-économie, et non des futurs êtres humains accomplis, capable de penser, de critiquer, de créer, de maîtriser et de gérer leurs émotions. » Pierre Rabhi
C’est l’aliénation à force de se renier. “Ignorer ce que je vis (ma colère, par exemple). Agir à l’inverse de ce que je ressens (je suis triste mais je souris). Banaliser ce que je ressent ou perçoit. Renoncer à mon propre jugement, faire davantage confiance au jugement de l’autre, refuser de regarder ma réalité en face…” Extrait de La lettre du psy de Michel Larrivey
En entreprise, je ne compte plus les fois où je me suis retrouvé dans le collimateur de personnes influentes. L’allégeance qui n’était pas total et la remise en question de ce qui me semblait discutable représentaient les principaux motifs de ma disgrâce. Je représentais un danger, puisque des personnes auraient pu suivre mon exemple, il s’agit alors d’asseoir son autorité de manière ferme pour écarter toute forme de rébellion.
Ce qui est archaïque et stupide puisque, au contraire, j’accepte beaucoup plus facilement l’autorité de quelqu’un à l’écoute et tolérant. Même si je comprends bien que la logique de productivité et de rentabilité ne laisse pas une grande place à l’écoute.
Je me suis toujours posé beaucoup de questions sur les conventions tacites (tant en entreprise que dans la vie quotidienne), sans trouver toutes les réponses, je suis donc rentré dans un mode d’imitation et de reproduction de schéma. Au bout d’un moment ce mode de vie m’a amené à me questionner sur qui j’étais réellement.
Rôle du voyage
Voyager c’est gagner en tolérance, faire tomber des clichés et des idées reçus et découvrir l’autre autrement qu’à travers un écran de télévision.
C’est donc une expérience humaine qui enrichi à jamais son portefeuille de compétences et ses connaissances théoriques ou pratiques. Voyager c’est sortir de sa zone de confort, du “connu” pour aller vers l’inconnu et donc vers des notions, des modes de vies et des approches différentes.
“Sortir de sa zone de confort”, une expression assez courante, qui ne signifie pas grand-chose pour moi, je préfère dire “élargir sa zone de confort”. On peut difficilement se rendre compte immédiatement du moment où l’élargissement de cette zone se produit, où l’ombre devient lumière. Sur le coup il peut être vécu de milles façons, dans la souffrance, dans la peur, dans le scepticisme, dans la joie, dans la surprise …
Mais la multiplication des situations nouvelles permet de mieux appréhender cette variable versatile qu’est l’inconnue. Par la suite il s’agit de puiser dans son expérience pour avoir la majeure partie des réponses à nos questions et limité un stress ou une anxiété qui était, jadis, paralysante.
Ce que l’on appelle l’expérience c’est avant tout aller toujours plus loin dans la connaissance de soi, mieux maîtriser ses émotions et gagner en adaptabilité. “Connais-toi toi-même” afin d’être dans les meilleurs conditions pour comprendre et aimer le monde qui t’entoure. Je dirai que ça aide à “apprendre à apprendre”, se mettre dans la posture la plus bénéfique pour recevoir l’information, la traiter et la stocker, dans le but de pouvoir l’adapter et la réutiliser au moment opportun.
Bien sûre tout n’est pas rose et ce type d’approche est loin d’être une sinécure. Mais je recherche ces moments de doutes, de peurs et de questionnements, puisque c’est eux qui permettent d’opérer une métamorphose en moi et d’avancer avec plus de confiance.
C’est très important pour moi puisqu’ils me permettent de relativiser et de mieux me connaître.
Il y a toujours une période d’adaptation, comme une période de rodage pour une voiture neuve, la mise en marche est progressive. Cette période d’adaptation est de quelques jours, mais ces quelques jours sont assez compliqués à gérer pour moi et mon anxiété.
Désormais, je sais que cette période m’est nécessaire pour appréhender mon environnement et commencer à me créer ma routine du voyageur, donc je la gère au mieux en me disant que ça ira mieux dans un futur proche, comme ça a été le cas par le passé.
Cette routine peut prendre différente forme. Ces petites choses m’aident à me situer, à m’ancrer là où je suis.
Sur la route et surtout en utilisant les voies alternatives, on rencontre beaucoup de personnes en dehors du monde que l’on connaît et, plus ou moins, en dehors de la société de consommation. Ces personnes partagent souvent volontiers leur mode de pensée et leur mode de vie, qui est souvent basé sur des valeurs comme la non-violence, la spiritualité et l’échange.
Des valeurs qui tendent à se perdre au profit de l’individualisme, l’indifférence et du carriérisme. Je pense que c’est toujours bénéfique de faire ces rencontres. J’ai eu l’opportunité à plusieurs reprises de rencontrer des personnes que la majorité qualifie de “marginales” simplement parce qu’elles ne souhaitent pas rentrer dans la société dite “normale”.
Tout cela permet d’acquérir plus de confiance en soi, c’est le point majeur car la confiance va permettre d’engendrer un cercle vertueux qui va enclencher un mécanisme de réduction des risques.